Il y a tout juste 40 ans, le
16 janvier 1969, un jeune homme de 20 ans est arrivé place Wenceslas, à Prague avec un bidon d'essence à la main. Il s'en est aspergé puis a craqué une allumette, s'est enflammé.
Il se nommait
JAN PALACH. Il protestait, par ce geste désespéré, contre la présence des chars russes entrés en Tchécoslovaquie depuis le 20 août précédent, il refusait de vivre sa vie sous une dictature.
Il est mort, trois jours plus tard, le 19.
A chaque anniversaire de cet acte, la police arrêtait ceux qui venaient sur la place, à l'endroit du sacrifice.
Pour le vingtième anniversaire , Vaclav Havel, futur président du pays, a organisé une manifestation. Arrêté, il a écopé de 9 mois de prison, cela montre que le souvenir, le symbole est resté vif.
On considère que ce sont les premiers actes de la chute du communisme, quelques mois plus tard dans ce pays.
Les Stranglers, groupe des années 70, lui a consacré une chanson en 1979.
Le mémorial Jan Palach, à Prague. Cette manière de protester , s'immoler par le feu, avait été "inaugurée" par les moines bouddhistes, en Asie du sud Est, principalement pour protester contre la guerre du Viet Nam.
En Europe, d'autres ont eu le même geste : un professeur d'université, en Pologne, l'a fait pour protester contre la politique de son pays. C'était un jour de fête , dans un stade et les caméras de télévision l'ont filmé pendant sept secondes , avant d'être détournées. Il avait enregistré une cassette, juste avant, qui commençait par "Ecoutez mon cri..."
Les images, terribles, ne sont sorties à l'ouest qu'après la chute du mur de Berlin en 1989...
Quelques mois plus tard, dans mon lycée , un étudiant de prépa a fait la même chose. Son acte voulait mettre en évidence le scandale que représentait, à l'époque, la guerre du Biaffra.
Des femmes et des enfants mourraient de faim pendant que les guérillas réglaient leurs comptes. Là encore les images étaient insupportables.
Bien entendu, il est lui aussi mort quelques heures plus tard , dans des souffrances inimaginables.
Avec les autres, dans les discussions de cours, on s'est toujours demandé si cela avait un sens... Qu'est-ce qui pouvait pousser à ce sacrifice, à ce geste désespéré. Je n'ai toujours pas la réponse.